GRAM 2022 par Anseline

« Le GRAM, ça t’intéresse ? » « Kesako ? » 12h plus tard (dont 8h à dormir)…. « Alors, tu viens avec nous ? » Voilà un président de club, Patrice, qui te balance une invitation comme si on allait se faire une raclette … et qui n’a pas peur de proposer à 3 bizuts, Lionel, Florent et moi, cette aventure un peu démesurée, lui-même étant blessé au moment des faits. Me voilà embarquée pour « faire la fille » dans cette (très) belle équipe de bras cassés du Sud Raid, tout droit venue du plus beau département du monde comme dirait le capitaine !La préparation physique est aléatoire et comme l’été, chacun vadrouille, on se retrouve la veille du départ pour un briefing, le ton est à la plaisanterie, parfait ! Quand on y pense, il faut être un peu barge pour se lancer dans un RAID annoncé pour 180 km, 8000 D+ et 36H max… on suit à la lettre les conseils culinaires du chef, l’importance de se nourrir régulièrement durant le RAID est capitale et ce n’est pas pour me déplaire, toutes les cochonneries du siècle vont y passer On s’élance avec le soutien des conjoints et amis (qui te mettent des bières sous le nez 2h avant le départ, de quoi tester la résistance mentale… sympa !), un petit départ vendredi minuit afin de nous permettre de passer non pas une, mais deux nuits dehors pour cette première ! Que de réjouissances, en plus toutes les sections ludiques sont annulées, de quoi en baver en VTT et Trek. Patrice, dont on vante le talent d’orienteur, n’a pas son porte carte et Florent oublie son bodart à la voiture alors qu’on attaque par une via… c’est à se demander s’ils veulent vraiment partir ces deux-là ! La section est douce, non chronométrée et on arrive au point de départ en avance, thé/café/musique/feu, on trouve ça super sympa l’ambiance RAID avec Flo.Je rigolerai moins 15 min après, le départ est donné pour les 18 équipes et ça part déjà fort quand on pense qu’il faudra tenir sur la durée ! Enchainement CO + VTT intense mais bien géré, Patrice et Lionel nous impressionnent tant en orientation que dans leur entente, ils sont rapides et efficaces, j’essaie d’en faire autant en faisant tourner mes petites jambes. 6h du matin, premières pâtes au pesto qu’on peut subtilement déguster dans une montée déjà raide. C’est le départ du 1er TREK dont on ne prendra que quelques balises. Les montées ne font pas rire et nos chefs (Lionel est bien trop impressionnant pour être un bizut, on l’a démasqué) nous imposent un rythme de sanglier : droit dans l’pentu, au milieu de la végétation !J’ai lu sur le roadbook qu’il y avait du biathlon, chouette, je suis certaine d’apporter du bonus à l’équipe… arrivés au plan d’eau du Valbonnais déception : le biathlon s’avère être de la sarbacane. Merci l’orga, il ne me restait pas beaucoup de souffle après le Trek, il faut encore souffler fort et courir autour de l’anneau de pénalité avant de repartir en balade 😉N’ayant pas la carte, on écoute d’une oreille (trop peu) attentive le plan des chefs : il faut remonter sur les VTT pour rejoindre le kayak. Dit comme ça, y en a pas pour long ! Cette section sera in-ter-mi-na-ble ! D’autant qu’on pousse le vélo dans toutes les côtes ou presque, le chef est obligé de sortir la tirette alors que mon corps réclame de dormir (il est environ 14h, ce détail a son importance). Je le laisse chanter à tue-tête, de toute manière je n’ai pas l’énergie de le faire taire et suis très reconnaissante qu’il utilise la sienne pour me faire avancer. Flo et Lionel m’apporteront également leur aide sur cette section, merci les gars. Lionel a regonflé 103 fois son pneu, ce qui nous permet de le rattraper de temps en temps. Sans râler, du moins pas trop fort, on arrive sur l’AT. Au programme : Kayak et CO. C’est là que ça cafouille un peu, une balise qui fait perdre du temps, d’autant qu’on ne la trouvera JA-MAIS. Le choix stratégique de Patrice sur le premier TREK ne lui parait pas payant car une des deux CO prévue est annulée. Ca chafouine un peu sur le kayak, Lionel est toujours impassible et ne tremble pas quand on lui impose un paddle pour la traversée. Sentiments partagés sur cette CO, la fatigue rattrape les 2 bizuts que nous sommes avec Flo et on se dit que finalement, c’est déjà pas si mal… Patrice parle de raclette, c’est peut-être le moment de capituler ?! Quenini, le chef a gardé en tête que c’est une course au score et que rien n’est perdu, même s’il faut shunter, on bouclera ! On se paie le luxe d’une croisière avant de rejoindre l’AT, pour ENFIN, DORMIR ! Il est 22h, les calculs du chef fait, on dormira 1h ! Il reste deux grosses sections (VTT+TREK) mais impossible de passer les barrières horaires et comme la plupart des équipes, on ne fera pas full course alors autant faire des choix. Avec Flo, on le prend par étape et on se dit que si on arrive à ramener nos petites fesses à La Morte ce sera déjà beau (le bled de départ/arrivée s’appelle vraiment comme ça, j’espère que ça vous fait envie pour vos prochaines vacances !). Les habitués sont plus ambitieux mais nous épargnent leur stratégie.S’ensuit une looooooooooooooooooooongue nuit à pédaler, pédaler, pédaler, pédaler… les annonces des orienteurs nous paraissent hasardeuses mais c’est avec une confiance (trop ?) aveugle qu’on les suit. On découvre les micro-siestes sur le bord des routes (10 min top chrono), les petites hallu de fatigue, le moulinage extrême, les coups de moins bien, les coups de bien mieux ! On passe cette deuxième nuit et 30 min d’un sommeil excellent sur goudron nous permettent d’attaquer le dernier trek presque « frais » : Lionel a vaguement montré des signes de fatigue l’heure précédente, on commence à se dire qu’il est humain finalement.On choppe 3 balises accessibles, une dernière montée dans l’pentu et nous voilà à quelques kilomètres de l’arrivée… sans bobo, sans dégoût de cet effort long et avec encore assez d’énergie pour commencer à doucement réaliser qu’on est en train d’en venir à bout et que la force de cette équipe nous a poussé à nous dépasser. L’entente, l’écoute, l’expérience, l’envie, la bonne humeur, les rires, l’entraide… ce sont les quelques mots qui me viennent à l’esprit quand je pense à ce quatuor ! Le sport nous permet ici de vivre avant tout une belle aventure humaine, qui dépasse de loin les 33h30 qu’on a vécues… il y a l’avant, le pendant et l’après. On savoure la fierté d’atteindre l’objectif fixé, ensemble, et quel plaisir de célébrer notre arrivée sous les applaudissements d’une équipe de bénévoles qui aura été au top du début à la fin. Puis le câlin de la fin, c’est le meilleur, bien puant, surement, mais tellement kiffant ! On peut maintenant boire la bière dont on a tant rêvée, partager des rires à se voir s’endormir sur la table ou tenir des propos incohérents avant la sieste méritée.Une première expérience du RAID long réussie, puisqu’il n’est pas question de « plus jamais » !MERCI le GRAM, MERCI l’EQUIPE SUD RAID !